Finalement, Valkyrja n'aura pas renoncé à l'obscurité
bien longtemps. Et c'est donc avec plaisir qu'on retrouve aujourd'hui la horde
suédoise chez le modeste mais précieux World Terror Committee après un passage
éclair par la case "grand public" via Metal Blade dans le catalogue
duquel figure Contamination, son second méfait. Gageons qu'elle est bien plus à
sa place au sein d'un label underground que dans une écurie avant tout guidée
par le son du tiroir-caisse. Car, pour qui l'a déjà vu sur scène, comme cela
fût le cas de votre serviteur, en Suède lors d'un festival en 2010, il ne fait
aucun doute que le groupe ne triche pas, exhortant les forces ténébreuses avec
la même sincérité que son faux frère jumeau Ondskapt, avec lequel il ne se
contente pas de partager quelques musiciens, dont le ferrailleur Simon Wizen, mais
suintant surtout un feeling véritablement Evil identique. L'évidente musicalité
de son art qui le distingue à première vue de son aîné et qui doit il est vrai
beaucoup au jeu d'une ténébreuse flamboyance de son principal guitariste et
auteur, n'étouffe jamais une bestialité à la fois rampante et vicieuse,
laquelle n'est pas prête de s'essouffler, comme en témoigne le successeur de
Contaminaton. The Antagonist's Fire nous dévoile ainsi une formation plus
furieuse que jamais. La durée générale de ses titres, lesquels n'hésitent pas à
voisiner souvent avec les huit minutes au jus, le dernier d'entre eux allant
même encore plus loin, ne doit surtout pas vous faire croire que la démoniaque
verge des Suédois commence à se ramollir, à perdre de sa malsaine vigueur. Bien
au contraire, ces derniers font même montre d'une agressivité décuplée se
nourrissant de cette architecture étirée aux tentaculaires ramifications. Il
suffit d'écouter le brutal "Season Of Rot" pour mesurer cette
puissance dans l'expression d'une haine hallucinée. Enrobée dans une couche
sonore rugueuse qui honore sa viscérale âpreté, la musique de Valkyrja conjugue avec brio violence et mélodie.
Violence de ces saillies qui font saigner les muqueuses, alternant pénétrations
supersoniques et coups de boutoir rampants ("Treading The Path Of The
Predator"), blasts ravageurs et
imprécations caverneuses. Violence de ces ambiances de lèpres insidieuses, de
maladies pestilentielles qui prolifèrent, contaminant tout sur leur passage.
Mais érodant ces foudroyants contreforts, il y a toujours les perforations de
Simon Wizen, impérial tout du long, aussi à l'aise avec le riffing gangréneux
(l'intro démentielle de "Betrayal Incarnate") qu'avec les soli qui
vous procurent des frissons ("Eulogy (Poisoned, Ill And Wounded").
Son jeu bouillonnant de noirceur emporte l'album dans un tourbillon de fiel, le
plongeant plus qu'il ne l'illumine au final, dans une nuit éternelle. Il est
l'homme de ce disque qu'il émaille d'interventions dont l'éclatante virtuosité
ne grève en rien la tranchante perversité. Des pulsations telles que "The
Cremating Fire" ou Madness Redeemer" portent son incontestable
griffe, charnier au fond duquel s'accouplent cruauté et atours mélodiques.
Sévère et imparable, The Antagonist's Fire est une très grande offrande faite
au Black Metal dans ce qu'il a de plus insane et donc de plus réussi. Sombrement
grandiose. (La Horde Noire 2013)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire