Hordes

jeudi 12 décembre 2013

From the grave : Averse - The Endesque Chants (2010)




Comme on le disait dans les années 70, en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. On a aussi et surtout d’excellents groupes et cela se vérifie de plus en plus. Averse est un bon exemple d’un savoir-faire et d’une inspiration qui n’a plus grand-chose à envier aux ténors européens. Mais il faut préciser que le groupe lillois n’est pas né de la dernière pluie et bien qu’ayant vu le jour en 2002, le collectif a pris son temps pour élaborer, façonner, une forme d’art total mêlant musique, projection lors des concerts et concept. Après un premier EP il y a trois ans, Scolopendrian Perception Haze, une sorte de brouillon, d’esquisse, ce qui n'enlève rien à sa qualité, The Endesque Chants témoigne d'une identité parvenue à maturation. Bon, tout ça c’est bien mais Averse, c’est quoi exactement ? Justement, chercher à le définir parait des plus vains tant le groupe cherche à briser les carcans, ce qu’il réussit d’ailleurs très bien à faire. Le fait que Colin, le batteur, ait récemment participé au magnifique Immaculada d’Ion et à la rétrospective d’Antimatter, Alternative Matter tout en préparant avec son frère Tim un projet avec Vinnie d’Anathema intitulé Ambient Tanks, donne un indice précieux quant à la dimension émotionnelle et tragique de compositions fleuves qui se nourrissent autant du Black metal progressif d’un Solefald, de l’essence folklorique et acoustique du Agalloch actuel et du metal alambiqué d’Opeth. Ceci dit, Averse mérite déjà d’être écouté attentivement plutôt que d’être comparé à d’autres, quand bien même ses influences font parfois plus qu’affleurer à la surface. Voisinant avec les 80 minutes au garrot le temps de six (!) titres seulement, The Endesque Chants ne se livre pas facilement. Pénétrer son intimité requiert patience ainsi qu’un certain état d’esprit; posé et introspectif, en partie à son image donc. Sentinelle imposante en ouverture, « Translating Your Name Into Numbers » déroule tranquillement son architecture à la fois complexe et aérée, que trouent aussi bien des passages intimistes où la guitare s’élève très haut, des assauts presque Black cependant que des lignes de violon sèches et douloureuses viennent en souligner la mélancolie. C’est superbe en dépit d’une prise de son qui mériterait d’avoir davantage de relief afin de mettre encore plus en valeur le travail de composition et d'interprétation. Suivent trois pistes plus ramassées et d’obédience acoustiques qui permettent au groupe de jouer sur la pureté du trait. Evoquant Agalloch et son Ashes Against the Grain, « The Endesque Chants » se révèle être une pièce grandiose avec une montée en puissance chargée d’émotion. Après le très bel enchaînement « I’m Not Scared Of Music Anymore » et Breathing Eyelids », survient « Fleetingness of Solar Happiness » qui renoue avec la dimension progressive et épique du premier titre. Après un début des plus brutal, un climat contemplatif s’installe. Pour un temps seulement car là encore, on ne compte plus les changements de rythmes, d’influences (on pense auDamnation d’Opeth) et d’atmosphères qui le traversent tout du long. Malgré un chant en français curieusement un peu juste par moment, « Aubes cendrées », que rehausse la présence dramatique d’une clarinette, peut être considéré comme l’apogée de cet album. 22 minutes de bonheur qui nous emportent très, très loin entre pauses suspendues et sombres déchirements. Des (menues) maladresses certes mais à l’arrivée une œuvre ambitieuse qui force le respect. Epris de liberté et adepte d'une musique sans frontières, Averse surprend, séduit, émeut. Gageons qu'il devrait très rapidement se faire un nom (Music Waves 2010)



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