Un peu à la manière de San Francisco où se développe une scène passionnante dont l’épicentre est incarné en quelque sorte par Amber Asylum autour duquel bouillonnent des entités aussi diverses que Ludicra, Hammers Of Misfortune ou Saros, Chicago est le théâtre d’une effervescence métallique gravitant autour de la figure tutélaire de Nachtmystium et dans le sillage de laquelle ne se tient jamais bien loin, Sanford Parker. A l’instar de Dawnbringer, avec lequel il partage une même approche musicale dynamique et une inspiration commune, quoique plus lointaine chez lui, pour le Heavy et ce même si la comparaison entre les deux formations s’arrête là, Avichi trouve donc ses origines dans le creuset fondé par Blake Judd puisque son âme n’est autre que Andrew Markuszewski, long compagnon de route du chanteur/guitariste qui apparaissait déjà sur le EP éponyme de 2003 et qu’il a retrouvé récemment, en live uniquement, cependant que Charlie Fell tient également la batterie depuis les dernières tournées de l’ancêtre du Black Metal US. Egalement occupé par Lord Mantis, Aamonael (c’est le sobriquet d’Andrew au sein de ce projet), a donc fait des infidélités à Avichi, dont l’unique signe de vie résidait jusqu’à présent en The Divine Tragedy, gravé en 2007. Quatre ans plus tard, le groupe ressucite enfin. Or contre toute attente, là où Nachtmystium a déçu avec son Addicts : Black Meddle Part II, album sans charme et inégal loin de la fulgurance du premier volet, il réussit avecThe Devil’s Fractal, lequel voit le jour via Profund Lore Records qui décidément moisonne depuid quelques temps chez quelques uns des meilleurs groupes du moment (A Storm Of Light, Dark Castle, SubRosa…), un opus noir extrêmement excitant en cela déjà qu’il redonne tout son sens au mot «satanique » et ses lettres de noblesse au véritable occultisme à des années-lumière des farces et attrapes trop souvent de mise dans le genre. C’est une œuvre dont on sent qu’elle est très personnelle, refletant les pensées sombres et sincères de son principal auteur qui sait en outre se nourrir d’influences sumériennes (le recours à des percussions aux accents tribaux participe en outre de cette référence) pour élaborer sa vision de l’occultisme. Surtout, au-delà de sa valeur conceptuelle, The Devil’s Fractal est un Everest au sein de la production Black Metal US actuelle, concentré de haine palpitant d’une énergie négative, sourde et évolutive. Propulsés par des riffs tranchants comme une lame de rasoir, ces longs titres égrènent un art noir venimeux et reptilien qui nous entraînent très loin, et surtout très profondément dans des cavités humides et ténébreuses dont le faiseau est le chant rapeux de Averos, Shaman obscur des enfers. Encadré par un démarrage halluciné, qu’anime l’enchaînement des grandioses "Sermon Of The Mount" dont les longs préliminaires sont à même de vous dresser les poils sur la peau et "Under Satan’s Sun", tous les deux secoués par des guitares à la fois corrosives et vicieuses puis par un final crépusculaire épousant les courbes malsaines du dyptique éponyme, The Devil’s Fractal serpente dans les méandres d’un Black Metal plus lancinant que mélancolique aux multiples fissures et modelés. Entièrement dominé par la six-cordes du maître des lieux, véritable colonne vertébrale autour de laquelle les titres prolifèrent, l’ostie trempe bien plus que d’autres, dans les ténèbres de l’indicible, instaurant un climat vicié qui vous ensert tel un éteau et ce faisant renoue réellement avec la puissance cryptique qui habitait les Grands Anciens. Si sa rareté ne le rend que plus précieux encore, on souhaite toutefois qu’Avichi cesse de s’exprimer de manière épisodique pour devenir un vrai projet à part entière. Il le mérite…( Music Waves 2011)
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