Hordes

mercredi 2 juillet 2014

Krönik | Sadhak - S/T (2013)



Cette démo séminale gravée par SADHAK ne pouvait qu'attirer les têtes chercheuses du Doom, Shadow Kingdom Records en l'occurrence, qui lui offre aujourd'hui une seconde - et surtout plus lisible - édition, après avoir (déjà) été une modeste tape auto-produite. Parce qu'on trouve planqué derrière ce projet Andreas Hagen, ici de tous les instruments, là-bas, chez HIGH PRIEST OF SATURN, guitariste et batteur. Ce n'est donc pas n'importe qui, musicien talentueux dans les veines duquel coule le pur Doom Metal. Parce que SADHAK est norvégien, origine géographique qui résonne comme la promesse d'une froideur minérale. FUNERAL, SKUMRING ou THE FALL OF EVERY SEASON, pour ne citer que trois exemples, témoignent de cette identité granitique, de cette approche du genre abrupte et sévère. Parce qu'enfin, ces deux complaintes creusent une fosse au fond de laquelle on en envie de perdre, abîme béant d'un funeste magnétisme. Bref, petite chose de 19 minutes à peine, cette démo n'en demeure moins l'acte de naissance précieux d'une entité dont on reparlera. Très vite. Les amoureux d'un Doom plus mélancolique que suicidaire, plus limpide que terreux, ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, se jetant sur ce gemme comme des explorateurs sur un trésor caché. Un chant clair, clé de voûte d'un édifice empreint d'un désespoir absolu, des guitares granuleuses qui raclent la pierre froide et ce tempo qui jamais ne s'emballe, engourdi et prisonnier d'une congère de tristesse qu'aucune chaleur salvatrice, qu'aucun espoir ne viennent faire fondre, définissent cet art pétrifié. Une inexorabilité douloureuse mine telle une faute qui ne peut être pardonnée, une écoute placée sous le signe de la contrition. Même les solos de six-cordes ne parviennent pas à briser cette admirable monotonie, bloc immobile figé dans une nuit glaciale d'hiver. D'aucune reprocheront peut-être que "On The Arrival Of Man" et "The Perfection Of Wisdom" ne se distinguent guère l'un de l'autre, ils sont en réalité comme les deux faces d'une même pièce, prolongeant le plaisir divin de se laisser couler dans l'abandon, appel des limbes auquel il est difficile de résister. Egrenant des mélodies granitiques, cette démo a quelque chose d'une porte ouvrant sur une marche funéraire sans fin... Quelle beauté. (cT14)


Doom Metal | 18:07 | Shadow Kingdom Records | BC




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