Hordes

mercredi 6 août 2014

Krönik | Ergholae Somptator - Raptus du Fané (2014)





Par où commencer ? En effet, chroniquer la démo séminale d'un nouveau venu est toujours délicat, faute de pouvoir comparer, de rappeler un passé, une histoire qui n'existent pas (encore). Par où commencer donc ? Peut-être par ce nom, ERGHOLAE SOMPTATOR dont le sens malheureusement nous échappe, ce qui le rend intriguant sinon original, promesse d'un art noir étrange. Peut-être par ce  visuel au charme maladroit mais qui tranche avec les photos de forêts sinistres en noir et blanc. Peut-être par KYZYL KUM, autre projet, plus doom celui-ci et déjà auteur d'un premier album en 2012 (Sable rouge) et d'un récent split avec THE LAST DROP, du batteur Jérôme Bouquet, l'un des membres de ce duo qui compte aussi dans ses rangs le chanteur et guitariste Léo Louis-Honoré. Nous pourrions en réalité surtout commencer par l'essentiel et signaler la valeur de cette discrète rondelle laquelle, encore une fois, témoigne de la qualité du black metal hexagonal tapie derrière les arbres au premier plan. Et peu importe que le chant se confonde parfois un peu trop avec les gargouillis d'une créature de l'indicible car il y a ce phrasé extrêmement cru qu'une prise de son brute et dépouillée rend encore plus abrupte et sans affèterie aucune. C'est un art rampant et survolté malgré un tempo qui ne s'emballe qu'à bon escient ("Sublimation"), préférant les pesantes saillies aux fielleuses accélérations. Un art qui trouve dans la langue française l'expression d'un mal-être brutal ("La douleur est mer"). Un art plus dynamique que mélodique qui respire l'élaboration organique et spontanée, presque plus proche en cela du Stoner que du Black pur jus. A ce titre, l'oeuvre repose sur une construction curieuse, s'ouvrant sur deux pistes instrumentales qui le sont tout autant,  la première, "Ebenaceae" qui n'a rien à voir avec une banale introduction, morceau aux multiples parties qui s'emboîtent, la seconde, "Cantharellaceae", montée en puissance emportée par une guitare grésillante et des percussions tranchantes, lesquelles sont du reste les deux arc-boutants d'une écriture à la force abrasive. On sent que, malgré ses allures d'ébauche, de brouillon ,Raptus du fané déflore sans doute à peine le potentiel de ses géniteurs, un potentiel bouillonnant d'une énergie d'une froide négativité. (cT2014)


Black Metal | 34:29




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