Sujet aussi funeste que funèbre, la guerre, sous toutes ses formes ne pouvait qu'être exploitée par le Doom dont la tragédie et l'inexorabilité forment deux de ses plus solides piliers. Altar Of Oblivion en a fait son thème de prédilection, déjà esquissé avec la démo The Shadow Era et qui prend une toute autre dimension avec Sinews Of Anguish, première ode belle et désespérée attendue comme le messie par tous les fidèles de la chapelle du Doom lyrique et épique. A raison. Basé sur la Seconde Guerre mondiale, il s'agit d'un très bel album porté qui doit sa qualité à plusieurs facteurs. Le chant profond et - parfois - haut perché de Mik Mentor représente d'une part la première accroche d'une musique lestée de plomb, lequel envoûtera sans doute autant qu'il en rebutera certains par ses tonalités plus heavy Metal qu'à proprement parler Doom. Toutefois, ses lignes vocales, sur la respiration crépusculaire "A Retreat Into Delusions", que sillonnent quelques notes de flutes qui participent d'émotions tragiques absolues et que tissent aussi des arpèges douloureux par exemple, sont très belles, conférant à Sinews Of Anguish une puissance intérieure et souterraine noire et austère. D'autre part, il convient de mentionner le travail des guitaristes Martin Mendelssohn et Allan B. Larsen qui érigent un vrai bunker grisâtre et imprenable aux lourdes fondations, d'où ruisselle des infiltrations d'un désespoir infini. Que ce soit en tant que forteresse rythmique ou comme pinceau servant à peindre un paysage de ruines dévasté (écoutez l'introduction magnifique ainsi que les ultime mesures - identiques - du titre éponyme, auquel elles confèrent un aspect cyclique et vous comprendrez), la six-corde souligne toujours admirablement les traits émotionnels dessiné par cette voix oscillant entre registre grave et envolées stridantes, cependant que les claviers recouvrent le champ de bataille d'un tapi funéraire discret mais essentiel ("My Pinnacle Of Power"). Epousant avec justesse son thème tragique, Sinews Of Anguish est une oeuvre sombre dans sa peinture désenchantée d'un monde emporté par la mort et la désolation, terreau idéal pour nourir un art qui fait de la douleur son principal carburant mais que ne déserte jamais une vraie beauté. Cet opus l'illustre avec brio, qui laboure autant des aplats pesants comme une chape de plomb ("Wrapped In Ruins") qu'il sculpte des mélodies belles à en pleurer, le tout rehaussé de cette touche Heavy Metal qui le rend accrocheur évitant l'écueil du monolithisme aride. Au contraire, passionnant de bout en bout et réussissant à capturer cette ambiance de lendemain d'apocalypse, il s'impose sans l'ombre d'un doute comme une pierre angulaire du Doom épique. Superbe, tragique et noir.
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