Bubonic Doom,
Bosque, Lord Of The Abyss : voilà donc un objet garanti 100% d'origine
portugaise. Underground assuré également, aura qu'il drape tel un suaire ce
split disponible uniquement sous un format pro cassette - limité à 100
exemplaires, s'il vous plait - que l'on ne croise plus guère que dans le Black
Metal et le Doom. Du visuel charbonneux aux logos ilisibles, ça suinte l'oeuvre
confidentielle vendue sous le manteau et seulement destinée à une (toute
petite) poignée d'amateurs éclairés. Encore que le terme "éclairés"
ne colle pas vraiment à un art des profondeurs que repousse au contraire la
lumière du jour, musique qui cultive l'obscurité abyssale de caverne
s'enfonçant dans les arcanes de la terre. Macération divisée en deux mouvements
d'une dizaine de minutes chacun, "Stalactites" illustre à la fois ce
décor caverneux et le sceau Bosque, créature d'un Funeral Doom d'une emphase
cryptique très personnelle. Dissonnant et paresseux, trempé dans une rouille
lépreuse, parler de Doom à son encontre en devient presque absurde tant
l'entité gravite au bord d'un gouffre aux confins du Black le plus lancinant.
Culte, Bosque peine pourtant à convaincre totalement, au contraire de son
compatriote et éphémère partenaire duquel on ne sait presque rien. Pas de nom
de musiciens, ni de site internet pouvant aider à mieux l'identifier. Non,
seulement deux démos et cette cassete de couleur verte dont il remplit la seconde
face d'une manière plus effroyable encore que son ainé. Vingt minutes d'une
reptation infinie résonnant d'un son tellement opaque et lointain que celui-ci
semble avoir été capturé tout au fond des Fosses Mariannes. Avec "Enki... Our
Eternal Dark God", Lord Of The Abyss porte bien son nom, il entreprend une
descente infernale en batiscaphe dans un monde privé de lumière. Cisaillé par
un chant de gargouille hurlé psalmodiant une litanie incompréhensible, d'une
lenteur cadavérique et saignant des menstrues
sataniques, là encore parler de Doom est maladroit sauf à réduire le genre à la
seule lenteur de son tempo. Cauchemardesque et affreusement noir, le titre vous
engourdit avant de vous entraîner avec lui dans les ténèbres, les vraies pas
celles d'un Black Metal qui parait presque gentillet en comparaison. De fait,
rarement, il nous aura été donné d'entendre une musique aussi sinistre, aussi
obscure au sens premier du terme, tant celle-ci semble ne faire qu'un avec
les abysses. Du grand art...
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