Une fois n'est pas coutume, une présentation s'impose comme introduction car cette formation au nom curieux n'évoquera sans doute que peu de choses à la majorité d'entre-vous. Pourtant, fort d'une demi-douzaine d'albums, 65daysofstatic n'a rien du puceau maladroit, bien au contraire. Considéré comme un des précurseurs du Math Rock, le groupe anglais, fondé en 2001 sous la forme d'un trio, plus tard enrichi d'autres musiciens, navigue aussi à la lisière d'un Post-Rock instrumental à la fois hypnotique et intimiste. Deux ans après s'être frotté à l'exercice de la bande originale de film, avec celle de "Silent Running", classique de la science-fiction des années 70, le groupe est de retour avec ce "Wild Light" séduisant. Ce qui frappe à son écoute est tout d'abord la limite des étiquettes, des cases dans lesquelles on aime à enfermer ses géniteurs, architectes d'une musique qui s'affranchit en réalité des genres pour aller tutoyer des cieux plus personnels. Certes, le socle s'apparente à ce Rock mélancolique dont les atours atmosphériques ne l'exonère pas d'un suc puissant. Avec ces guitares stratosphériques et lourdes à la fois, un titre tel que 'Blackspots' ne peut renier ses racines. Mais non sans élégance, les Britanniques prennent le soin de saupoudrer ce substrat Post-Rock d'éléments électroniques sans lesquels celui-ci n'aurait tout simplement pas la même saveur. Le résultat est frais et surprenant. Très vite, l'album envoûte, dès l'inaugural 'Heat Death Infinity Splitter' et son magma sonore qui exsude une tristesse délavée. Pulsation remplie de bruits électroniques, 'Prisms' tente avec une réussite certaine à combiner Rock atmosphérique et effluves technoïdes. En deux titres, le groupe fait déjà preuve d'une belle diversité de touches malgré le caractère unitaire d'une musique où la mélancolie affleure toujours. Chaque morceau fourmille de détails, accueillant ici un piano minimaliste ('The Undertow'), là des nappes de synthétiseurs presque d'un autre âge, s'accouplant à une batterie qui appelle la transe hypnotique ('Safe Passage'). Les montées en puissance déchirante de beauté n'ont pas non plus de secret pour les Anglais, témoin 'Unmake The Wild Light' qui, après des prémices doucereuses, bruissement squelettique que des grumeaux compacts et bourdonnants viennent très vite parasiter, décolle progressivement, piloté par une guitare légère comme une bulle pour déboucher sur un final bouleversant. Loin des effusions sans âmes, l'art de 65daysofstatic gronde au contraire d'une puissance émotionnelle qui emporte tout à l'image de ce 'Sleepwalk City' où les riffs ferrugineux se conjuguent à une rythmique pulsative, avant de céder la place à un panorama d'une beauté cinématique. Plus que ces quelques lignes, "Wild Light", opus dont la richesse foisonnante perle de façon pointilliste, mérite surtout d'être découvert tant il est aisé de prendre goût à ce mariage simple et vigoureux entre Post Rock et musique électronique. Tentez l'expérience, vous ne serez pas déçus... (Music Waves 2013)
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