Oubliez l'étiquette Black Metal accrochée à cette jeune formation qui livre avec "Vertebra", sa seconde offrande. Point d'effluves noires ici ou si peu (nous y reviendrons), mais plutôt un Post-Rock éthéré voire intimiste, presque romantique parfois, traits lumineux trahissant les origines méditerranéennes de ce projet qui nous vient d'Italie. Comme souvent avec le genre, la musique que celui-ci propose adopte une formule essentiellement instrumentale, que pilote une guitare qui sait se faire lourde ou plus stratosphérique. Une voix féminine, fragile et aérienne, surgit cependant parfois, bien qu'avec beaucoup discrétion, comme lors des dernières mesures de la belle envolée inaugurale, 'Aorta', quand elle n'anime pas un titre entier à l'image du squelettique 'Apnea' ou 'Aura', lequel possède un petit côté trip-hop à la The Gathering, pas désagréable. Vierge de lignes de chant, le reste oscille entre pièces enkystées de touches vaguement électro et pulsations irriguées par des riffs tour à tour mélancoliques ou pesants ('Volume'), seule racine extrême qui ne fait qu'affleurer à la surface d'une musique dynamique qui n'est pas sans évoquer, certes d'une manière lointaine, le Caïna de "Temporary Antennae". Exception faite du terminal 'Cinema", long de plus de sept minutes, "Vertebra" repose sur une succession de courts tableaux aux allures de brouillon, d'ébauche qui leur confère un goût d'inachevé, témoin ce 'Deficit' comme stoppé en plein élévation. C'est dommage car Australasia n'est pas dénué d'idées ni de réussite. Quelques accords, égrenés par une six-corde pointilliste, lui suffisent ainsi pour peindre des paysages à la beauté triste, autant d'images délavées peuplées de silhouettes qui s'effacent ('Vostok'). Les teintes synthétiques ne sont pas non plus des plus heureuses, gommant l'émotion simple, ourlée de fébrilité, qui perle de ces rêveries désenchantées. Le mariage entre Post-Rock et ondulations électroniques n'est pas si aisé à accomplir. En dépit d'une bonne tenue générale, un titre tel que 'Zero' qui s'encombre de nappes de claviers là où la guitare du maître des lieux se serait pourtant suffit à elle-même le prouve. Les qualités l'emportant sur les faiblesses, "Vertebra" est une découverte modeste mais néanmoins attachante. Son auteur possède un potentiel certain qu'il devra apprendre à mettre au service de compositions plus abouties donnant moins l'air d'être simplement agglomérées les unes aux autres. Un projet à suivre, assurément. (Music Waves 2013)
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