Hordes

lundi 19 janvier 2015

Krönik | In Slaughter Natives - Cannula Coma Legio





Alors certes, "Cannula Coma Legio" ne saurait être considéré comme le véritable nouvel opus offert par In Slaughter Natives, création bicéphale mêlant trois titres inédits et cinq anciens titres. Mais après une décennie de silence, cette offrande résurrectionnelle a le premier mérite - ce n'est pas le seul - de  témoigner que le Suédois n'est pas mort. De plus les compositions du répertoire passé proposées pour l'occasion ont été tellement retravaillées, déconstruites même, qu'elles se révèlent suffisamment méconnaissables pour paraitre vierges, renforçant en cela la valeur d'un album à l'identité propre et finalement à part entière. "Cannula Coma Legio" ne rassure pas seulement quant à l'inspiration toujours féconde de l'entité scandinave mais confirme surtout que celle-ci n'a rien perdu de sa foudroyante noirceur ni de son énergie souterraine. Mieux, irriguées par une prise de son d'une force rare, sève titanesque qui serpente dans leurs veines, ces pulsations ont quelque chose d'un temple aux dimensions monumentales, dressé au milieu d'un champ de bataille dévasté par le sang et la mort, faisant de leur réceptacle l'un des plus terrifiants jamais enfanté par In Slaughter Natives, l'un des plus noirs peut-être, témoin le grandiose 'Venereal Comatose / Close My Eyes', érection hantée au souffle désincarné qui a des allures de longue dérive dans les couloirs d'un asile d'aliénés. Frissons garantis pour ce qui s'impose dors-et-déjà comme un incontestable chef-d'oeuvre de Dark Ambient, genre dont le Suédois est une des figures tutélaires, titre on ne peut plus mérité comme le prouve ce travail d'une abyssale beauté, laquelle jaillit de ce magma percussif, plus militaire que martial, à l'image  de l'inquiétant 'Plague Walk My Earth', lui aussi peuplé d'une myriade de hurlements possédés. Surtout, l'homme continue de fouailler les chairs froides de son art mortifère, démarche qu'illustre parfaitement 'Silent Cold Body', plainte venimeuse tout d'abord polluée par des interférences stridentes, avant de voir ses atours martelés, écrasés par ces percussions grondantes et tribales qui confinent à une forme de transe hypnotique. In Slaughter Natives maîtrise toujours autant cette science de la montée en puissance cataclysmique qui emporte tout. Ecouter cet album au casque dans la pénombre d'une pièce avalée par les ténèbres, tient de l'expérience tant sonore que mentale car ces pistes distillent un poison qui s'insinue insidieusement. Celles-ci, loin d'une langueur répétitive, brûlent au contraire d'un suc apocalyptique qui les propulsent vers des abîmes indicibles. A force d'être citée à tout va, la noirceur est devenue un terme galvaudé, vidée de sa substance car en définitive rares sont les artistes à l'exprimer véritablement. Le Suédois compte parmi ces élus et réussit un retour autant remarqué qu'attendu, placé sous l'égide du label Cyclic Law, lequel est en train d'occuper peu à peu la place autrefois tenue par Cold Meat Industry. Vous l'aurez donc compris, "Cannula Coma Legio" prépare de la meilleure des manière un nouvel album qui devrait très vite voir le jour... Ou plutôt la nuit... (cT2014 | Music Waves)


Dark Ambient | 63:00 | Cyclic Law





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