Si autrefois l'apanage du son était entre
les mains des principales puissances musicales (USA, Royaume-Uni,
Allemagne...), désormais, grâce aux constants progrès de l'informatique
n'importe quel misanthrope planqué au fin fond de sa cave peut cracher des
albums à l'enrobage sonore tout à fait solide et à la chaîne s'il vous plait ! Prenez
le cas de Svarthtron, quasi joujou du seul Tomhet, un lituanien qui, en
l'espace de deux ans, vient de se délester de quatre opus ! Bien qu'il trahisse
un net ralentissement de la cadence, Bearer
Of The Crimson Flame témoigne
par contre d'une qualité d'écriture et d'enregistrement de plus en plus
convaincante. Mieux architecturés, les titres affichent des durées (un peu)
moins longues que sur les premiers essais du projet monté en 2005 par le Tomhet
qui le partage avec un chanteur. Corolaire de cette composition plus
équilibrée, les volutes ambient qui se conjuguaient à un black metal à tendance
true tendent à être gommées par des guitares qui heureusement ne se font pas
trop bouffées par les claviers. Tout ça donne un bon disque baguenaudant dans
les contrées d'un art noir mélancolique qui se déploient sur un relief
accidenté ("Of Malignity Craven"). A ce titre, le visuel de la
récente réédition, aux teintes grises et lugubres, lui sied davantage que celui
d'origine qui louchait plutôt vers des paysages plus vikings. Si Svartthron
aime parfois à foncer pie au plancher, on le préfère lorsqu'il serre le frein à
main, pour ériger un kaléidoscope d'ambiances sinistres, dont le pinceaux sont
ces riffs envoûtants, non dépourvus d'une certaine forme de majesté
("Ethereal Murder (In Quiescence)" notamment). Dommage que le chant
de gargouilles ne soit pas plus personnel car la plastique musical se veut des
plus intéressantes, comme l'illustrent les douloureux "Bearer Of The
Crimson Flame", guidé par des guitares d'où ruissèlent une belle vermine
suicidaire, "Doth Memory Betray ?", lancinante dérive vers des
méandres boueuses ou bien encore "Dreams In Ashes", plage (presque)
instrumentale et seul vrai titre à arborer les stigmates d'un passé plus
ambient. Reste cependant que ces longues respirations hypnotiques nous manquent
un peu au final. Elles permettaient en outre de singulariser Svartthron de
toutes ces hordes barbotant dans la même flaque. Les Lituaniens ont donc gagné
en maîtrise et en professionnalisme ce qu'ils ont perdu en identité. Tant pis.
Cela n'enlève rien à la qualité réelle de série B (avec le charme qui va avec)
de ce Bearer Of The Crimson
Flame. (cT2009)
Black Metal | 42:53 | Inferna Profundus Records
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