Cette troisième offrande de Glorior Belli,
mais la première à bénéficier de l'appui de Candlelight Records, était de fait
attendue au tournant par tous les septiques qui s'interrogeaient sur le
bien-fondé d'une telle association. Certes, le label accueille également le
sulfureux Blut Aus Nord, pas vraiment un projet mainstream donc, toutefois pour
beaucoup les Français auraient dû demeurer chez Southern Lord, structure qui
semblait davantage leur convenir. Alors, que vaut ce Meet Us At The Southern Sign ? Glorior Belli bande-t-il désormais mou du zizi ? Il n'est pas la
peine de tourner autour du pot plus longtemps : rassurez-vous, Infestvvs et
Alastor restent fidèle à un black metal fiévreux qui ne ressemble à aucun
autre. A la fois super carré, presque rock 'n' roll par moment (le final du
très beau "Fires Of The Sitra Ahra" par exemple) et chantre d'une
dramaturgie lancinante et malsaine, cet album transpire une malignité inouïe.
Si elles carburent toujours au satanisme et au luciférisme, ces saillies
arborent une plastique plus élaborée, plus fine, que ce que pourraient usiner
bien des hordes de série B allant faire leur course dans la supérette satanique
du coin de la rue. Ainsi, Glorior Belli n'hésite pas à se fendre d'un
instrumental tout en progression tel que l'immense "Swamp That Shame"
ou à téter les mamelles d'un blues déglingué avec le surprenant et bien nommé
"In Every Grief-Stricken Blues", qui sent bon les Bayous et l'alcool
frelaté. Il s'agit certainement d'une des meilleures compos de cet album qui ne
ressent en outre jamais le besoin de marteler une vitesse facile et factice
pour s'abîmer dans des profondeurs boueuses et mélancoliques (le superbe et
également instrumental "My True Essence", porteur de vibrations
décrépies et absolues). Ces morceaux préfèrent dériver sur des tempos lourds et
pesants au bord d'un gouffre vertigineux ("Once In A Blood Red Moon",
secoué par des riffs vicieux, "The Blazing Darkness (Of Luciferian
Skies)", le long "Meet Us At The Southern Sign", pièce terminale
qui exsude un fluide evil d'une noirceur perturbante). Et si les Français se
lancent parfois dans l'érection d'une cadence plus frénétique, comme en
témoignent "The Forbidden Words" ou bien "Nox Illuminatio
Mea", c'est pour la briser par des coups de boutoir pétrifiés. Meet Us
At The Southern Sign baigne
tout du long dans un climat de fin du monde, un monde avalé par les ténèbres.
Apre et cru sans patauger dans une production nécro et crado derrière laquelle
beaucoup trop de médiocres traîne-savates se planquent, ce méfait en est pour
une fois vraiment un, car excellent, singulier et original tout en sachant
conserver l'esprit du pur black metal. Une réussite. (cT2009)
Southern Black Metal | 50:36 | Candlelight Records
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