Pour une fois, je vais commencer par la
fin. Ritualistic Plague , sous-titré Evangelical Death Apotheosis,
aurait pu n'être qu'une bonne petite série B de metal noir. Oui mais voilà il y
a en fin de parcours ce "Mortuus Evangelium", écorché de plus de neuf
minutes qui atteint le zénith du malsain avec son tempo lancinant qui multiplie
par dix (au moins) sa valeur ajoutée. Sur fond de cris possédés, et bien que
rehaussé de quelques parcimonieux arrangements, ces longues minutes étouffantes
qui semble provenir de l'enfer lui-même, font souffler un vent impie et
mortifère sur ce premier jet qui, grâce à lui est tout ce qu'il y a de plus
prometteur. C'est aussi pourtant son principal défaut. Cette conclusion est
tellement puissante qu'elle phagocyte tout ce qui la précède. En outre, par le
climat sulfureux et par son rythme plus lent, elle tranche avec le reste qui
préfère arpenter les terres d'un art noir rapide et brutal qui ne s'embarrasse
pas d'un tube de vaseline pour déchirer les orifices qui l'accueillent, à
l'image des viols que sont les néanmoins convaincants, bien que plutôt banals,
"Prophecy Of World Funeral", "Deathworshippers" ou
"Coronation Of The New God". Strandhogg, c'est polonais. Strandhogg
c'est une (encore) jeune horde qui se lance, après deux démos (In Eternal Fire
et Art Of Satanic And Antichristian Blood), à la conquête des âmes en
perdition. Satanisme, corpsepaint, et tout le toutim constituent son
combustible. Polonais certes, ces faces de goules ne se nourrissent par contre
pas de l'humus nationaliste contrairement à une bonne partie de ses collègues
(Graveland, Iuvenes...). Non, Strandhogg reste fidèle à l'imagerie et au
message (?) primaire du black metal originel. Sa principale force, il la tient
à sa faculté de sculpter des paysages franchement sinistres et fielleux, comme
en témoigne le visuel en noir et blanc qui sert d'écrin à Ritualistic Plague, concentré
de haine vindicative et blasphématoire. L'ensemble est carré et solide mais
gagnerait à varier davantage les positions en terme de pénétration. Et c'est
aussi pour cette raison que "Mortuus Evangelium" se veut aussi
salvateur : en même temps qu'il propulse donc ce méfait vers des sommets
inespérés, il vient casser la ligne droite le long de laquelle celui-ci est
construit. De fait, les Polonais seraient bien inspirés de creuser plus encore
un sillon, sans lequel ils ne tireraient pas leur épingle du jeu. Car c'est en
effet bien lorsqu'ils serrent le frein à main qu'ils font le plus mal aux
muqueuses. La suite au prochain épisode…
Black Metal | 37:28 | Pagan Records
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