Toi. Oui toi, là bas au fond de la classe.
Tu aimes le bon vieil heavy metal des familles avec un chanteur qui s’est
coincé les couilles dans sa braguette ? Tu aimes quand le heavy metal se la
joue épique ? Tu aimes quand le heavy metal enfile son dard vigoureux dans la
caverne sombre du doom dans ce qu’il a de plus classique, c’est-à-dire quand il
se souvient de ses racines heavy justement ? Alors tu devrais jeter une oreille
(voire deux) sur cette seconde hostie de Dantesco. Pagano se révèle même être un
très bon cru dans le genre. Il démontre du reste que cette musique pour aussi
noire qu’elle soit, n’a pas forcément besoin d’un contexte géographique chargé
de pluie, de froid et de gris. Le soleil ne l’empêche pas de naître et de
proliférer. La preuve, Dantesco a vu la nuit à Porto Rico ( ?). Cette origine
singulière se dessine à travers le recours fréquent à des arpèges hispanisants
qui suintent le chagrin (“ Santa Croce Titulus ”, “ De la Mano De La Muerte ”)
et surtout à un chant lyrique en espagnol. On tient là d’ailleurs à la fois le
principal défaut (cette langue ensoleillée convient-elle vraiment au doom ?) et
une bonne partie du charme (on finit par s’habituer à ces accents exotiques)
d’un groupe qui maîtrise parfaitement son propos. Tel un Janus musical, Pagano
affiche deux visages, tantôt sombre, tantôt chaleureux, une ambivalence qui
participe d’une identité déjà bien affirmée. Ces neuf titres (plus deux bonus
pour l’édition européenne, dont une reprise dispensable du “ Gethsemane ” de
Andrew Lloyd Weber), souvent assez (trop) longs, se délestent d’un sacré quota
de plomb grâce au travail des guitaristes qui savent forger des riffs trempés
dans l’acier (“ Su Sangre Es Mia ”) et décocher quelques soli lumineux
particulièrement inspirés ou des harmonies à la Maiden toujours efficaces.
L’énorme “ Anibal ” du haut de ses dix minutes est un petit bijou de heavy doom
lourd, racé, mélancolique, à l’instar de la plupart de ses petits camarades,
notamment le superbe “ I Came From Hell ”, bonus qui d’ailleurs aurait mérité
de figurer dans le menu officiel. Certes, on ne goûtera peut-être pas aux
vocalises haut perchées du chanteur tout comme on trouvera que Pagano est
parasité par quelques longueurs ainsi que par une production qui manque un peu
de puissance. Il n’en demeure pas moins que l’on tient là une œuvre
rafraîchissante et sympathique enfantée par des musiciens sincères et
talentueux. Ce qui n’est déjà pas si mal. Les fans de Candlemass, Solitude
Aeturnus ou Forsaken y seront à l’aise comme dans une bonne vieille paire de
pantoufles confortable. (cT2009)
Heavy Doom | 61:01 | Cruz Del Sur Music
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire