Alors qu'elle y était pourtant tout à fait à sa place, la déesse Carline van Roos a décidé de quitter le label Prikosnovénie, jetant son dévolu chez l'un de nos pourvoyeurs préférés en musique sombre, Ambient et Heavenly, Twilight Records, étonnament installé à Buenos Aires et qui récupère du coup Lethian Dreams, son autre port d'attache avec Remembrance, au moins le temps de Just Passing By... & Unreleased Requiems. Ce changement contractuel n'est bien entendu pas révélateur d'une sensible évolution stylistique pour Aythis qui demeure toujours le navire permettant à la jeune femme d'exprimer sa mélancolie en solitaire et en mode néo-classique et gothique, si ce terme revêt encore une signification, bien que toujours drapé d'un voile funéraire. Sans suprise, The New Earth creuse un sillon identique à ses prédécesseurs, Doppelgänger et Glacia, grâce auquel nombreux ont découvert ce projet en forme de jardin secret. Ceci étant, cette troisième offrande, si elle arbore les traits désenchantés et crépusculaires dont est coutumière sa génititrice, se veut plus automnal qu'hivernal, contrairement à son aîné de deux ans. La glace a cédé la place à un paysage plus terreux, forestier, plus martial également, à l'image du superbe "Wolfsmond", qui respire au rythme de lourdes percussions. Du coup, The New Earth pourra peut-être décevoir de prime abord, donnant l'impression - fausse - d'être le simple agglomérat de morceaux aux teintes identiques que survole le chant toujours insaisissable, plus spectral que diaphane de la maîtresse des lieux. Pourtant, il n'en est donc rien, The New Earth réclamant attention et intimité pour en pénétrer le coeur sinon l'âme. Après plusieurs écoutes quasi introspectives, le remarquable travail de la belle se dévoile finalement et séduit, par ses sombres pulsations néo-classiques ("New Earth") ou ses lignes de guitare délicates ("Last Ritual", que guident des notes de pianos sépulcrales). On aime alors suivre la Sylphe dans ces sentiers brumeux à l'atmosphère chargée de mystères, serpentant entre les arbres dont les racines se noyent sous un tapi de feuilles. The New Earth gronde d'une beauté obscure qui semble provenir du coeur même de la terre mais palpite toujours d'un souffle mortuaire, que le croassement lugubres des corbeaux achevant "Ether" illustre parfaitement. Avec Aythis, Carline van Roos poursuit une oeuvre cohérante qui trouve dans The New Earth, une nouvelle pierre (précieuse) pour la batir. Moins lumineux encore que ne l'était Glacia, qui baignait dans un froid halo de lumière, cet album a quelque chose d'un têtre, édifice funéraire se dressant au milieu d'une nature empreinte de d'une noble tristesse et d'étrangeté. (Music Waves 2011)
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