Chapelle jadis exclusivement honorée par les hommes (exception faite de toute la branche atmosphérique et Gothic des années 90), il n'est au contraire plus rare désormais de voir le Doom-Metal, le pur, le vrai, celui qui ne jure que par le Black Sabbath originel, qui sent sous les bras et arbore des vestes à patches, copuler avec des femmes, la plupart du temps derrière le micro, assurant parfois les autres instruments. Mieux, c'est même devenu un gimmick (ou pas) à la mode car, cela est bien connu, le sexe faible (?) fait marcher le tiroir-caisse. Formé en 2007 quelque part entre Coventry et Birmingham, Alunah, d'abord sans le "h", voue un culte à la déesse Doom et affiche dans ses rangs une vocaliste, Sophie Willett, plus imposante que gracieuse. Après une démo, un EP mémorable (Fall To Earth) suivi d'un split partagé avec Queen Elephantine, Call Of Avernus est la première pierre longue durée d'un édifice que l'on souhaite durable. Ceux qui se prosternent au moindre riff plombé, à la première ligne de basse grassouillette et qui sentent une agréable chaleur au niveau de l'entre-jambe dès qu'une voix féminine, même lorsqu'elle l'est finalement assez peu, se fait entendre, adopteront immédiatement cet album. Il faut dire, que celui-ci ne saurait passer pour autre chose que ce qu'il est : le chant est digne d'une prêtresse, les guitares sont engluées dans le mazout, tandis que le batteur se charge d'ancrer le tout dans un socle massif. Rien à dire là-dessus. Mais une femme est-elle forcément un gage de qualité ? Le Doom, même le plus orthodoxe ne peut-il décevoir ? Doublement non. Car, malgré le grand Greg Chandler (le leader du groupe culte Esoteric) derrière les manettes, qui l'a enrobé d'une idéale couche terreuse, Call Of Avernus n'est pas le chef-d'œuvre espéré. La faute à un début un brin poussif, plus Stoner que Doom ("Song Of The Sun") et à des lignes vocales paresseuses de miss Willett, quand bien même on imagine mal un autre type de tessiture pour un genre qui reste en définitive très masculin. Toutefois, à partir du petit instrumental "Magick Lantyrn", l'œuvre gagne en qualité. Entre le pachydermique "Eternal Sea", le quasi psyché "Circle Of Stone" ou les écrasants "Higher" et "Hermetic Order Of The Golden Dawn", le quota de plomb requis est atteint, le sommet de l'échelle de Richter, aussi. On tient donc là un honnête artisan d'un Doom traditionnel à chanteuse, mais sans la présence de laquelle il ne serait qu'un groupe parmi (tant) d'autres, aussi solides et inspirés soient les trois musiciens qui l'accompagnent. Certains n'hésitent pas à le comparer à Acid King. Pourquoi pas ? Mais Sophie n'est pas Lori et les Anglais ne possèdent pas encore la classe de leur aîné californien... (Music Waves 2012)
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