Petite dose d'une vingtaine de minutes seulement,
cette démo séminale de Cathis Ord n'en demeure pas moins une perle rare car
derrière les deux plaintes qu'elle assemble se profile quelque chose que l'on
devine déjà monumental. Seul à la barre, JR, le musicien qui se cache derrière
ce projet sorti de la terre de la Perfide Albion il y a trois ans, convoque
aussi bien le fantôme du Anathema de l'âge d'or, le Opeth période Orchid (pour
certaines lignes vocales) et plus encore Agalloch pour cette façon de
développer avec finesse et justesse une plastique progressive riche en couleurs
acoustiques. Le résultat est ce doom atmosphérique déchirant de tristesse et de
beauté. Deux titres donc, deux Graal inaccessibles."Lost Empire"
s'ouvre sur de sombres et dépouillés arpèges, encadrés par de discrets
arrangements. Puis, le modelé prend forme, épuré et tout d'abord instrumental.
La guitare électrique surgit ensuite et plonge d'un coup l'atmosphère dans une
obscurité tragique. Après plus de quatre minutes, le chant vient gronder et une
marche supplémentaire est descendu vers la fosse. Et en dépit d'un paysage
cristallin d'une majestueuse beauté dessiné au beau milieu du voyage, c'est
bien une encre noire et indélébile qui sert à écrire ces notes qui semblent
porter toute la misère, tout le malheur d'une vie. Comment ne pas verser une
larme, comment ne pas avoir des frissons à l'écoute de cette pulsation à la
fois d'une grande pureté et pourtant orageuse. "As Winter Lays Its
Seige" qui prend son envole dès les premiers souffles, opère un balayage
d'ambiances tout aussi réussi. Noir, acoustique et hanté par le désespoir et
l'affliction, ce morceau évoque ces vues grises qui défilent à travers la
fenêtre d'un train pénétrant un manteau pluvieux. Les guitares y tissent des
mélodies empruntes de souffrance, de douleur. Cathis Ord parvient avec beaucoup
de fluidité à couler l'ensemble dans tableau superbe qui confine à la
contemplation. Peut-être pas du pur doom pour le puriste mais une pièce bouleversante
tout de même qui saura toucher, émouvoir tous les naufragés d'un ordinaire
morne. On attend désormais avec une patience difficilement contrôlable une
suite, plus longue cette fois-ci. Le potentiel est là, sans doute encore à
peine défloré... (cT2009)
Atmospheric Doom | 22:22
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