Hordes

lundi 19 novembre 2012

Chronique : Aluk Todolo - Occult Rock (2012)



L'angoisse de la page blanche, le chroniqueur aussi la connaît. Au moment par exemple de se lancer dans la critique d'Occult Rock, nouvel opuscule attendu comme le messie par les fidèles d'Aluk Todolo. Pourquoi une telle difficulté ? La raison est double. Au moins. Premièrement parce qu'un chef-d'œuvre n'est jamais aisé à chroniquer. Or Occult Rock en est un. Très certainement, quand bien même ce terme O combien galvaudé à force de faire appel à lui à tout bout champ et surtout pour rien, ne veut plus dire grand chose. Pourtant, on ne voit pas trop, souhaitant évoquer cette troisième offrande, comment éviter l'emploi de ce trophée. Deuxièmement parce que la musique - notez bien ce mot puisqu'il ne s'agit pas d'autre chose même s'il ne sera pas partagé par tous - d'Aluk Todolo échappe par sa nature  à toute définition facile, à toute étiquette commode, ce qui la rend si délicate à aborder, à expliquer. Mais Aluk Todolo s'explique-t-il ? Sans doute que non car il est une question de foi plutôt que de raison. Aux confins du Black Metal pour l'absolue négavité qui le ronge, du Krautrock cosmique et de la musique minimaliste par cet art de la répétition porté à son paroxysme, du Drone pour cette guitare au bord de la folie prolifératrice voire de la Noise pour la maladive dissonance qui le vrille constamment et pourquoi pas du Hard Rock antédiluvien (on pense parfois aux versions live du 'Space Truckin' de Purple lorsque Blackmore faisait hurler sa Stratocaster pendant de longues et infernales minutes), son (occult) Rock a de fait quelque chose d'un magma intensément organique et viscéralement hypnotique. Une des grandes forces du trio tient à sa capacité à expulser du gouffre obscur qu'il creuse, des geysers de beauté, à transformer la laideur d'émanations stridentes en un éclat noir, les larsens en (brèves) éruptions de lumière, une lumière toutefois trafiquée, polluée, délavée. Une troisième raison peut enfin être avancé : bien que scindé sur le papier en huit pistes anonymes se réduisant à un simple numéro ( de 1 à 8 donc), Occult Rock est en réalité un bloc de matière brute et compact de plus 80 minutes (défilant toutefois trop vite) qu'il convient d'appréhender dans sa tentaculaire globalité, davantage que par morceaux néanmoins individualisés en cela qu'aucun d'entre eux ne ressemble totalement aux autres malgré un substrat commun. Plutôt que de les décrire en détails, encore que ne mentionner ni la déflagration noire propulsant "Occult Rock I" ni la fulgurance cosmique de "VII" ni la transe lancinante teintée de psychédélisme au bord de la rupture de "IV" serait impardonnable, s'il ne fallait retenir qu'une chose de ces titres est qu'ils sont dans la continuité des performances sonores délivrées par le groupe sur scène. Un peu comme si celui-ci était (enfin) parvenu à capter cette hallucinante autant qu'hallucinée énergie négative dont seuls ses happenings drainaient jusqu'à présent, conférant ainsi à Occult Rock un aspect vivant même s'il s'agit plus de mort que de vie... Rituel grondant d'une puissance volcanique et mystérieuse, Occult Rock vous hantera longtemps encore après l'écoute achevée, les épais résidus qui laissent  dans la mémoire, n'étant pas prêts de s'effacer... (Alternative 2012)


  


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