Hordes

mardi 8 octobre 2013

Chronique : Bosque / Lord Of The Abyss - Split tape (2011)



Bubonic Doom, Bosque, Lord Of The Abyss : voilà donc un objet garanti 100% d'origine portugaise. Underground assuré également, aura qu'il drape tel un suaire ce split disponible uniquement sous un format pro cassette - limité à 100 exemplaires, s'il vous plait - que l'on ne croise plus guère que dans le Black Metal et le Doom. Du visuel charbonneux aux logos ilisibles, ça suinte l'oeuvre confidentielle vendue sous le manteau et seulement destinée à une (toute petite) poignée d'amateurs éclairés. Encore que le terme "éclairés" ne colle pas vraiment à un art des profondeurs que repousse au contraire la lumière du jour, musique qui cultive l'obscurité abyssale de caverne s'enfonçant dans les arcanes de la terre. Macération divisée en deux mouvements d'une dizaine de minutes chacun, "Stalactites" illustre à la fois ce décor caverneux et le sceau Bosque, créature d'un Funeral Doom d'une emphase cryptique très personnelle. Dissonnant et paresseux, trempé dans une rouille lépreuse, parler de Doom à son encontre en devient presque absurde tant l'entité gravite au bord d'un gouffre aux confins du Black le plus lancinant. Culte, Bosque peine pourtant à convaincre totalement, au contraire de son compatriote et éphémère partenaire duquel on ne sait presque rien. Pas de nom de musiciens, ni de site internet pouvant aider à mieux l'identifier. Non, seulement deux démos et cette cassete de couleur verte dont il remplit la seconde face d'une manière plus effroyable encore que son ainé. Vingt minutes d'une reptation infinie résonnant d'un son tellement opaque et lointain que celui-ci semble avoir été capturé tout au fond des Fosses Mariannes. Avec "Enki... Our Eternal Dark God", Lord Of The Abyss porte bien son nom, il entreprend une descente infernale en batiscaphe dans un monde privé de lumière. Cisaillé par un chant de gargouille hurlé psalmodiant une litanie incompréhensible, d'une lenteur cadavérique et  saignant des menstrues sataniques, là encore parler de Doom est maladroit sauf à réduire le genre à la seule lenteur de son tempo. Cauchemardesque et affreusement noir, le titre vous engourdit avant de vous entraîner avec lui dans les ténèbres, les vraies pas celles d'un Black Metal qui parait presque gentillet en comparaison. De fait, rarement, il nous aura été donné d'entendre une musique aussi sinistre, aussi obscure au sens premier du terme, tant celle-ci semble ne faire qu'un avec les  abysses. Du grand art...




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