A-t-il senti que son Xasthur commençait de
plus en plus à sentir le rance, le moisi, en se délestant ces dernières années
d'albums plus proches du désert artistique que de la pierre angulaire (Subliminal
Genocide, Deceptive
Epitaph) ? Il n'empêche que pour la première fois depuis... oh depuis 2004
environ et To Violate The
Oblivious, Malefic parvient à se renouveler (enfin) un chouia. Non pas que
le Californien ait décidé de faire le grand ménage de printemps dans sa cabane
dont on reconnaît toujours chaque mètre carré, chaque angle (ce chant écorché,
ce tempo lancinant, ce son pollué...) mais All
Reflections Drained corrige
avec un certain bonheur (?) les défauts qui grevaient lourdement ses plus
récents aînés. Les titres sont moins nombreux - on n'en compte que huit cette
fois-ci - et corolaire de cette cure d'amaigrissement, l'opus ne s'étire pas
sur une durée par trop excessive. Le visuel, décharné et plus original qu'à
l'accoutumé, est un premier signe qui ne trompe d'ailleurs pas, comme le fait
d'être la première cuvée longue durée vidangée depuis 2007 quand autrefois le
lascar vomissait des bandes-son avec une régularité frénétique. Sur un substrat
xasthurien classique, le misanthrope confère à ces complaintes une architecture
quasi instrumentale tant les lignes vocales, qui ont de toute façon toujours
été lointaines, sont ici mixées encore plus en retrait qu'avant ("Damage
Your Soul"). Elles sont comme un écho mortifère soufflant sur un terrain
désolé. De fait, All
Reflections Drained a quelque
chose d'un magma sinistre et grouillant dont on peine à distinguer les
contours. Ca ne file jamais droit et les guitares tapissent de leurs notes
grêles des murs qui suintent un pue malsain rempli d'une négativité suicidaire.
Encore une fois, nous ne sommes bien entendu pas là en terre étrangère et les
"Inner Sanctum Surveillance" "Maze Of Oppression" et autre
"Masquerade Of Incisions" n'auraient pas dépareiller sur un
Telepathic With The Deceased par exemple, néanmoins cet album redonne envie de
s'intéresser à un projet dont les dernières respirations semblaient avoir été
chiées par un mauvais photocopieur. L'introductif "Dirge Forsaken",
"Achieve Emptiness : Part II", fissuré par un clavier presque
progressif et des vocaux plus travaillés que d'habitude, "Obfuscated In
Oblivion" et plus encore "All Reflections Drained" et ses nappes
synthétiques hantées, forment des dérives hypnotiques d'une noire beauté qui
témoignent, certes encore timidement, de la volonté d'un musicien désormais
bien décidé à travailler son art, à renouer avec un certain esprit propre au
pur black metal plutôt que de s'admirer le nombril. All Reflections Drained est donc un bon album de Xasthur,
entrecoupé de quelques touches inédites éparses. Malefic n'a donc pas (encore)
tout dit quand bien même ses premières offrandes qui exsudaient un sincère et
profond mal être ne risquent pas d'être surpassées.
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