La Norvège a
toujours été le parent pauvre de la scène death metal. Sans doute ses unholy
forces of evil ont-elles préféré tourner leurs face de gargouille vers son
cousin le black metal. Pourtant Darkthrone a débuté comme modeste bande de
death metal avant de virer sa cutie tandis qu'un Old Funeral qui regroupait,
excusez du peu, Varg Vikernes et Abbath n'était rien d'autre qu'un mauvais
gang de zombis du metal de la mort. Bon an mal an, Blood Red Throne s'échine
malgré tout à honorer une chapelle qui peine à affirmer sur le sol norvégien une vraie personnalité,
contrairement à son voisin suédois. Et il y a fort parier que sans la présence
en son sein du vénérable Tchort, vétéran de l'extrême national (il a participé
au In The Nightside Eclipse d'Emperor tout de même !) et sans le soutien d'un
label culte tel que Earache, ce groupe ne bénéficierait pas d'autant de
promotion. Le rondouillard guitariste est un musicien étonnant, capable de
chier des étrons fumants avec Carpathian Forest (qu'il a depuis quitté après
dix ans de bons et loyaux service comme on dit) et d'écrire la plus
émotionnelle des musiques avec son jardin secret Green Carnation dont on
aimerait avoir des nouvelles, et des bonnes surtout ! Avec Blood Red Throne, il
peut asouvir sa soif d'un death metal qui mange un peu à tout les rateliers.
Souvent lourdes et implacables comme un panzer en pleine invasion de la Pologne
("Demand"), les compostions de Souls Of Damnatin oscille entre
blockaus mid-tempo à la Bolt Thrower, la classe en moins toutefois ("Your
Cold Flesh", le très bon "The Light The Hate", qui, ceci dit
avoine sévère, "Human Fraud"...) et écartellements en règle des
lèvres vaginales ("Throne Of Damnation", le long "Ten Steps Of
Purgatory", "Affiliated With The Suffering", malgré tout déchiré
par un break terrifiant), quand bien même il semble préférer la voie plombée et
vicieuse. Parfois proche d'un Bloodbath, il manque néanmoins à Blood Red Throne
cette science du riff qui fait mouche et celle de l'écriture ciselée et
imparable... ainsi qu'une véritable identité, ce cinquième méfait ne parvenant
jamais à s'extraire du tout venant death metal. Alors certes, c'est
parfaitement exécuté, l'ensemble tient la route avec sa production épaisse
comme la semence masculine après deux jours d'abstinence forcée et devrait
faire headbanguer les amateurs de chair (plus si) fraiche mais pour
l'originalité, on repassera. Dommage. Souls Of Damnation n'en reste pas moins
un disque honnête dans un créneau bien balisé par d'autres. Mais ce n'est
certainement pas grâce à lui que la Norvège risque de s'imposer par les grandes
puissances du genre. Tchort serait bien inspiré d'accoucher d'une nouvelle
oeuvre de son Green Carnation (c'est le silence radio depuis trop longtemps
maintenant de ce côté-là) plutôt que de gacher son talent avec ce Blood Red
Throne de seconde zone...
Genre Death Metal
Label Earache
Durée 38:44
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